Mes 7 clés pour passer à l’action à travers le prisme des émotions

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La rédaction de cet article m’a été proposée par Eva Lee, créatrice du blog Mon bagage culturel. Voici ce qu’elle m’a écrit :

Je suis en train de lancer un carnaval d’articles sur « Vos secrets pour passer à l’action », et j’aimerais particulièrement lire ta contribution. En fait je serais très intéressée par ton point de vue sur la manière dont les émotions influencent le passage à l’action. Mais bien sûr, je te laisse toute liberté pour choisir l’angle qui te parle et t’inspire le plus.

Et, pour être tout à fait honnête, mon premier réflexe a été de me dire que « les secrets pour passer à l’action », ce n’était ni mon domaine, ni mon truc ! Mais quelque chose m’a retenue. Je suis revenue à ses mots :

[…] ton point de vue sur la manière dont les émotions influencent le passage à l’action.

Et là, quelque chose s’est allumé en moi. Oui, ça me parlait. Ça me touchait. Et surtout, ça me ressemblait. Je connais bien cette exaltation, cette énergie fébrile qui m’envahit, me porte, m’absorbe tout entière (comme lors de la création de ce blog !). Et je connais aussi très bien l’après : la retombée brutale, le doute qui s’installe.

Avec le temps, et à force de lectures mêlant psychologie, neurosciences, philosophie et littérature, j’ai peu à peu identifié des leviers concrets pour passer à l’action. J’ai eu envie de les partager ici, en réponse au bel appel d’Eva, et dans la continuité de ce blog : un espace réflexif où sensibilité et authenticité trouvent pleinement leur place, article après article… Je vous invite donc à dérouler avec moi le fil rouge des émotions… pour mieux comprendre comment elles peuvent nous guider, pas à pas, vers l’action. 🪡

🔑 Clé n°1 : plonger au cœur de ses émotions pour mieux les apprivoiser

• Nos émotions sont des messagères

Les émotions, comme l’indique la racine latine ex moveo (« sortir de… »), partent du corps. Et chacune d’elles porte un message précieux :

➤ La colère, par exemple, surgit souvent avec une boule au ventre ou une gorge serrée. Elle signale qu’une valeur essentielle n’est pas respectée.
➤ La tristesse, elle, fait parfois monter les larmes, creuse un vide. Elle murmure : « Il y a une perte ici. »
➤ La joie, elle, se déploie dans le corps. Elle ouvre, elle allège. Elle dit : « Il y a là quelque chose de beau à vivre. »

Certaines émotions nous poussent vers l’avant (curiosité, enthousiasme, espoir) tandis que d’autres dressent des barrières (peur, honte, tristesse). Comment avancer quand tout en nous se replie, quand le désespoir nous écrase au point qu’un simple geste paraît impossible ? Nos émotions sont au cœur même de notre capacité à agir, ou bien à rester figé·e.

Pourtant, combien de fois tentons-nous de les contourner ? On serre les dents, on « prend sur soi », on fait taire ce qui dérange, avançant en force. Mais ce qu’on réprime s’imprime. Une émotion ignorée ne disparaît jamais, elle s’accumule, se tapit… et finit par exploser, parfois violemment. Mieux vaut alors lui ouvrir doucement la porte, la laisser passer par un sas, le temps de pouvoir l’accueillir, plutôt que de barricader la maison et risquer qu’elle revienne avec fracas.

• Les émotions sont notre carburant

Pour avancer, un vélo a besoin de force dans les jambes, une voiture d’essence ou d’électricité. Sans le bon carburant, impossible de bouger. Il en va de même pour nos émotions : si l’émotion désénergisante qu’est le désespoir domine, même le moindre effort semble hors de portée. Chaque émotion peut être vue comme une source d’énergie pour le mouvement.

➤ La colère, par exemple, nous offre un carburant puissant pour faire respecter nos valeurs. Elle répond à un besoin de respect, de considération.

➤ La tristesse peut devenir une énergie de repli doux, un carburant pour aller chercher du réconfort.

➤ La joie, quant à elle, nous donne l’élan d’ouvrir, de partager, parfois même d’oser aller vers les autres.

C’est bien l’émotion qui suscite en premier lieu notre passage à l’action ou notre immobilisme.

Mais ce qui fait toute la différence, c’est la façon dont nous l’accueillons, la comprenons et choisissons d’y répondre. Par exemple, la peur peut d’abord nous paralyser et bloquer notre passage à l’action. Mais si on prend le temps de l’écouter, de comprendre ce qu’elle a à nous dire, et parfois même de sourire en réalisant qu’elle est irrationnelle ou qu’on choisit malgré tout de l’affronter, alors cette peur devient une invitation au courage. C’est ainsi qu’on ose enfin poser ce premier pas.

• Nos émotions naissent de nos pensées

Les circonstances sont neutres en elles-mêmes. C’est notre interprétation, nos pensées, qui déclenchent nos émotions. Et ces émotions influencent ensuite notre passage à l’action, ou bien notre immobilisme.

Par exemple, quand mon amie Sophie m’a encouragée à créer un site internet après que je lui ai parlé de mes projets professionnels, j’aurais pu avoir une infinité de pensées, et donc d’émotions différentes :

  • « N’importe quoi, ça n’a rien à voir avec mon projet d’édition ! » — émotion déclenchée : dédain.
  • « Je n’y arriverai jamais ! » — émotion déclenchée : découragement.
  • Pour ma part, j’ai pensé : « Super idée ! » — émotion déclenchée : enthousiasme.

Cette pensée m’a poussée à agir concrètement : je me suis documentée, j’ai créé un compte à l’INPI, contacté un ami avocat pour déposer la marque Le fil rouge des émotions, je me suis inscrite à une formation pour apprendre à créer un blog…

Premier pas vers Le fil rouge des émotions : capture d’écran de mon nom de domaine fraîchement créé, moment d’excitation et de fierté partagé avec mon amie illustratrice Sophie Le Penher.

On peut représenter ce processus ainsi :

Prendre conscience de ce mécanisme nous donne le pouvoir d’agir autrement : on peut choisir de modifier sa pensée, et donc son émotion, ce qui influencera ensuite notre action — et, in fine, le résultat.

🔑 Clé n° 2 : observer ses pensées pour libérer son élan intérieur

• Le piège du perfectionnisme

Quand on se dit : « Si je le fais, il faut que ce soit parfait », une pression intérieure monte. Cette pensée peut générer une émotion de tension, voire d’anxiété. Et derrière cette émotion, se cache souvent un mécanisme d’auto-sabotage. Le raisonnement (souvent inconscient) devient : « Plutôt que de risquer que ce ne soit pas parfait — et donc, à mes yeux, que ce soit un échec — je préfère ne rien faire. »

J’ai moi-même traversé cela. Je m’étais inscrite au concours de professeure des écoles. Un peu comme un plan B, une préparation à mon avenir professionnel encore incertain. J’avais acheté un livre pour réviser, mais je ne l’ai pas vraiment utilisé. Je n’ai pas travaillé autant que j’aurais voulu. L’émotion dominante ? La peur. La peur de ne pas être à la hauteur. Derrière elle, une pensée bien ancrée : « Si je n’ai pas tout préparé parfaitement, mieux vaut ne rien tenter. » Je ne me suis pas présentée au concours. Résultat : je ne l’ai pas eu, évidemment.

La prise de conscience de ces pensées est une clé pour libérer l’élan intérieur. Ce sont elles qui créent l’émotion, qui à son tour influence ou bloque le passage à l’action. L’année suivante, je me suis inscrite au concours de lettres classiques. Cette fois, je ne me laissais pas d’alternative. Pas de plan B. Je me suis organisée, j’ai travaillé avec régularité, rendu tous les devoirs, passé tous les oraux proposés. J’ai été admise.

Juste après avoir obtenu le CAPES. Un sac de prof à l’épaule, cadeau symbolique de mes parents pour marquer cette étape. Derrière le sourire : des mois de travail, de doutes, de ténacité… et une immense fierté d’avoir été jusqu’au bout.

La différence entre les deux concours ne tenait pas à mes capacités, mais à mon état d’esprit. J’étais animée par une pensée porteuse : « Je vais tout faire pour réussir. » Peut-être que je ne l’aurais pas eu. Mais je m’étais donné les moyens. Et j’ai agi chaque jour en me fixant des actions précises et réalisables.

• Sortir de la pensée limitante « Tout ou rien »

Je suis sujette au fameux « tout ou rien ». Parce que je suis intense. Quand je fais, je donne tout. J’ai cru pendant longtemps que je ne savais pas faire les choses à moitié. Résultat : je refusais certaines propositions, non pas par manque d’envie, mais pour me protéger d’un investissement total. J’ai mis du temps à comprendre ce mécanisme.

L’écriture de ce blog m’a aidée à faire évoluer cette pensée. Elle m’a permis de découvrir un espace plus nuancé, plus souple… et surtout plus humble. Par exemple, dans le cadre du challenge « 44 émotions en 44 semaines », je me heurtais sans cesse à cette croyance : « Je ne peux pas publier cet article, il n’est pas complet, il manque encore telle ou telle chose. » Cette pensée venait nourrir la peur de l’insuffisance. Et pourtant… je me suis souvenue d’un ouvrage de référence, L’Histoire des émotions dirigée par Georges Vigarello. D’une part, il a fait appel à des spécialistes de chaque époque ou domaine : la professeur émerite au département d’histoire de la Loyola University Chicago Barbara Rosenwein pour les émotions au Haut Moyen Age ou encore le musicologue, écrivain et conférencier membre correspondant de l’Académie des Beaux-arts Gilles Cantagrel pour la musique baroque. D’autre part, même en trois tomes, certaines notions ne sont pas abordés. Cela m’a aidée à faire baisser la pression. J’ai pu me dire : « Mon article ne peut pas tout dire. Il est ciblé, écrit dans un temps imparti, avec un angle précis. Et c’est suffisant. J’ai fait de mon mieux compte tenu de ces deux contraintes. »

Cette pensée m’a vraiment libérée. D’autant que plusieurs lectrices me disaient que mes articles étaient très denses, complets… et qu’elles se demandaient comment je faisais pour les rédiger en parallèle de mon travail et de mes enfants. J’ai pris cela comme un gage de qualité : je peux offrir un contenu qualitatif, même sans épuiser le sujet.

Remonter l’échelle des émotions…un barreau à la fois

J’ai consacré un article et une vidéo à ce sujet, si vous souhaitez l’explorer plus en détail. Mais voici la base : utiliser l’échelle des émotions, c’est accepter de ne pas chercher la joie à tout prix, mais de gravir un pas après l’autre. Accepter aussi que le passage à l’action ne se déclenche pas toujours d’un claquement de doigts, et que l’élan intérieur peut se reconstruire petit à petit.

Ce travail sur les pensées appartient à la sphère réflexive. Mais nous ne sommes pas qu’une tête pensante : nous sommes aussi un corps vibrant… traversé d’émotions. Et c’est pourquoi j’aimerais maintenant me pencher sur un sujet trop souvent oublié : le cycle menstruel féminin — ce fil intérieur, hormonal et émotionnel, qui nous accompagne mois après mois.

🔑 Clé n° 3 : écouter les cycles du corps pour mieux suivre son rythme

• Le cycle menstruel, une vague… physique, mentale et émotionnelle 🌊

Savez-vous que les fluctuations hormonales du cycle influencent directement notre énergie, notre motivation, notre clarté mentale… mais aussi l’intensité et la qualité de nos émotions ? Ce n’est pas « dans la tête » : c’est aussi profondément dans le corps. Et cela mérite d’être écouté avec attention.

J’aime beaucoup l’image proposée par Gaëlle Baldassari, fondatrice de Kiffe ton cycle, qui compare le cycle menstruel à une vague. Une vague d’énergie, mais aussi une vague émotionnelle.

Illustration claire et inspirante de Gaëlle Baldassari. Pour en savoir plus, découvrez son travail sur le site Kiffe ton cycle.

Voici ce que cela donne, phase par phase :

  • Phase des règles (descente de vague)
    Un moment d’intériorité et de ralentissement. L’énergie est basse, les émotions souvent plus brutes, plus à fleur de peau. Tristesse, hypersensibilité, besoin de solitude ou repli peuvent émerger — non pas comme un « problème », mais comme un appel à l’écoute et à la douceur. C’est le bon moment pour se déposer, se recentrer, et ne pas forcer.
  • Phase folliculaire (montée de vague)
    L’élan revient. L’énergie remonte, la motivation aussi. C’est une phase d’enthousiasme, de curiosité, de clarté mentale. Les émotions sont plus légères, l’humeur s’améliore. On ressent un regain d’élan vital, idéal pour initier des projets ou oser de nouveaux pas.
  • Ovulation (sommet de la vague)
    L’énergie est à son pic. On se sent confiante, expansive, tournée vers les autres. Les émotions sont plus stables, plus solaires. C’est un moment de leadership naturel, de fluidité dans les relations, d’aisance à exprimer ce qui nous anime. Un temps propice à la mise en lumière et à l’action visible.
  • Phase lutéale (descente de vague)
    L’énergie redescend progressivement. C’est une période de lucidité plus grande, mais aussi de fatigue, parfois de tension intérieure. Les émotions peuvent être plus intenses ou contrastées (irritabilité, mélancolie, doute). Cette intensité n’est pas à rejeter : elle peut aussi devenir une alliée, un révélateur. À condition de baisser un peu le volume extérieur pour mieux s’écouter.

Ainsi, cette vague monte, culmine, puis redescend. Et recommence. Nos émotions, elles aussi, surfent ce cycle. Les reconnaître, les accueillir, les accompagner — sans les juger — permet un passage à l’action plus juste, plus respectueux de notre écologie intérieure.

• A quoi cette image sert-elle ?

Avoir cela en tête nous invite à cultiver davantage d’auto-compassion, mais aussi à développer des stratégies personnelles, ajustées à nos propres rythmes. Car le cycle ne joue pas uniquement sur notre niveau d’énergie ou de motivation : il agit aussi sur nos émotions, parfois de façon subtile, parfois de façon débordante. Cette vague hormonale colore nos ressentis : hypersensibilité, mélancolie, enthousiasme soudain, besoin de lien ou au contraire de retrait… Tout cela est normal. Et précieux à reconnaître.

Alors non, je ne dis pas : « il ne faut rien faire quand on a ses règles » (quoique, dans certains pays, il existe de vrais congés menstruels — et cela mérite réflexion). Mais plutôt : écoutez ce que vous ressentez. Observez-vous avec compassion. Demandez-vous : « De quoi ai-je besoin pour passer à l’action avec douceur, aujourd’hui ? »

Et inversement, pourquoi ne pas profiter des phases de pleine énergie et d’élan émotionnel (comme celle de l’ovulation) pour planifier vos temps créatifs, vos prises de parole, ou les tâches qui demandent clarté et confiance ?

Encore une fois, ce qui change tout, c’est le recul, le fameux « zoom arrière » : développer compréhension, connexion, et tendresse envers soi-même. C’est cette écoute du corps et des émotions, dans leurs cycles naturels, qui permet un passage à l’action plus fluide, plus respectueux, plus aligné.

L’objectif ? Faire du sur-mesure. S’adapter à soi-même. (Peut-être que ça parlera particulièrement à celles qui passent leur vie à s’adapter aux autres… Et si, pour une fois, on faisait l’inverse ?)

Après avoir appris à écouter les rythmes naturels de notre corps, voyons maintenant comment façonner un environnement qui soutient durablement cette envie d’agir…

🔑Clé n° 4 : créer un environnement qui soutient l’envie d’agir

• La volonté est une ressource limitée

On croit souvent que, pour passer à l’action, il suffit de « vouloir vraiment ». Que la volonté, la motivation, la détermination seraient les clés. Bien sûr, ces trois forces sont précieuses, parfois même galvanisantes. Mais si je vous disais que la volonté est une ressource limitée ? Qu’elle s’use au fil de la journée

Avez-vous remarqué comme on craque plus facilement le soir que le matin ? Une montée d’émotion incontrôlée, une envie de grignoter, l’abandon soudain d’un projet entamé… Ce n’est pas un manque de rigueur ou de sérieux, mais le signe que notre réservoir de volonté est vide.

Chaque décision, chaque frustration, chaque ajustement intérieur puise dans notre énergie mentale. Et un moment arrive où il n’y en a plus. C’est ce que Kathleen Vohs et Roy Baumeister ont démontré dès 2008 dans une étude publiée dans le Journal of Personality and Social Psychology1. Ils ont mis en évidence le phénomène de « fatigue décisionnelle » (decision fatigue), qui réduit notre capacité à nous concentrer, à résister aux tentations, à faire des choix éclairés ou à persévérer dans une tâche.

En clair : ce n’est pas notre volonté qui nous trahit, c’est qu’elle est épuisée. Et donc, ce n’est pas elle sur laquelle il faut compter pour tout porter, tout le temps.

En revanche, ce qui a un pouvoir plus constant, plus fiable, plus silencieusement puissant, c’est… notre environnement.

• Notre environnement influence nos choix

Et si le problème, ce n’était pas vous, ni votre manque de volonté, mais simplement… l’organisation autour de vous ? Une étude publiée en 2017 dans le Journal of Nutrition Education and Behavior l’illustre2. Dans une cafétéria universitaire américaine, des chercheurs·euses ont simplement ajouté un panneau bien visible pour signaler l’accès à l’eau sur une machine où étaient également proposés des sodas. Pas de message culpabilisant, pas de slogans sur la santé, pas d’atelier motivation : juste une indication claire, et un positionnement plus accessible de l’eau. Résultat : les étudiant·es se sont mis·es à boire davantage d’eau, sans que leur volonté soit particulièrement sollicitée.

Ce que cette expérience met en lumière, c’est que nos comportements sont largement conditionnés par notre environnement, souvent plus que par nos intentions. Et c’est une excellente nouvelle. Car si la volonté est une ressource instable, l’environnement, lui, peut être pensé et ajusté.

Prenons un exemple concret : si vous souhaitez écrire chaque jour, posez votre carnet ou votre ordinateur bien en vue, là où vous vous installez le matin. Si vous essayez de manger plus sainement, placez les fruits lavés et prêts à être croqués à hauteur des yeux dans votre cuisine. Il ne s’agit pas de tout réorganiser, mais de créer des micro-environnements qui favorisent l’action sans exiger un effort de volonté à chaque fois.

C’est souvent là que se joue la différence entre l’intention et le passage à l’acte : non pas dans un sursaut d’énergie intérieure, mais dans la manière dont le monde autour de nous rend certaines décisions plus simples, plus fluides, presque automatiques.

🔑 Clé n° 5 : faire de la constance une alliée plus fiable que la motivation

• Court terme vs long terme

Quand j’écris un article, je vois rapidement le résultat : les mots s’alignent, la page prend forme. Ce progrès visible est gratifiant — il stimule la dopamine, ce petit boost chimique qui nous pousse à continuer (et qui a parfois du mal à se fixer, notamment chez les profils neurodivergents, dont je fais partie !). Mais les retombées durables — visibilité, régularité, confiance — demandent du temps, parfois du silence. Elles ne se voient pas tout de suite.

Habitudes : des repères qui soutiennent l’action

Cette tension entre le besoin de gratification immédiate et la patience du long terme peut devenir source de frustration… surtout quand nos émotions s’en mêlent. L’enthousiasme des débuts, puis l’impatience, les doutes voire les découragements de poursuite de parcours peuvent faire varier l’intensité de notre élan, comme un baromètre intérieur parfois difficile à stabiliser.

C’est là que la constance devient précieuse. Quand on ne peut pas compter sur la motivation — trop fluctuante, trop dépendante de notre météo émotionnelle — il devient essentiel de s’ancrer dans quelque chose de plus stable : des habitudes et des rituels. Mais attention : cette discipline-là ne se construit pas contre nos émotions. Elle se construit avec elles. Il ne s’agit pas d’étouffer ce qu’on ressent pour « tenir bon » à tout prix, mais plutôt d’accueillir nos variations émotionnelles, de les écouter, tout en créant un cadre suffisamment doux et clair pour que l’action reste possible même les jours sans. Cela peut prendre la forme d’un rituel du matin rassurant, d’un créneau dédié dans la semaine, ou d’une micro-action quotidienne symbolique. Autant de points d’appui qui nous permettent d’avancer, même quand l’envie vacille.

La motivation, c’est une vague : vive, intense, mais brève.

La constance, c’est un fil. Un fil rouge qui, jour après jour, relie nos émotions à nos actions, et nous aide à avancer, pas à pas.

🔑 Clé n° 6 : cultiver l’apprentissage car c’est en forgeant qu’on devient fogeron·ne

• La théorie vs l’expérience qui transforme

L’action, même imparfaite, est la seule force qui nous transforme réellement. Regardez un enfant apprendre à marcher : il ne peut pas y parvenir en observant ou en écoutant. Il doit essayer, tomber, recommencer. Ce sont ces essais, ces chutes, qui renforcent ses muscles et affinent son équilibre.

Moi, toute petite, concentrée et déterminée, en train de faire mes premiers pas hésitants : ce moment d’apprentissage, d’essais et d’erreurs, symbolise parfaitement le chemin de toute nouvelle action.

En tant que parent, c’est pareil. Avant la naissance, on croit savoir ce qu’on fera ou non. Puis l’enfant arrive… et on réalise que nos idéaux sont balayés par la réalité !

C’est exactement ce que j’ai vécu avec ce blog. Je pensais savoir où j’allais, mais c’est en écrivant, en publiant, en écoutant les retours de mes lectrices et lecteurs que j’ai découvert ce qui me faisait vraiment vibrer et ce qui parlait à mon public. C’est ce fil rouge d’expérience qui m’a poussée à créer un podcast, à embarquer mon mari, et à faire évoluer ma vision.

• L’action crée le résultat

C’est en écrivant mon premier article, Atelier créatif – Les couleurs de votre cœur à la manière de Niki de Saint Phalle, très différent de mon challenge « 44 émotions en 44 semaines », que j’ai commencé à façonner mon style. Ce que je veux dire, c’est que c’est vraiment en passant à l’action, en osant écrire et publier, que l’on découvre ce qui nous convient : ce qui résonne, ce qui fonctionne, et ce qui mérite d’être ajusté. Pour ma part, ce processus mêlait :

➤ la précision dans le choix des mots ;

➤ un besoin cognitif nourri par une étude approfondie des œuvres ;

➤ des références littéraires et scientifiques ;

➤ la création et la sélection de photos soigneusement légendées ;

➤ un style immersif et authentique, nourri par mon expérience personnelle avec mes enfants ;

➤ et l’ouverture aux regards extérieurs, par des relectures et échanges avant publication.

Les supports que j’ai utilisés pour écrire mon tout premier article de blog : mes idées écrites à la main dans mon cahier, mes notes prises le jour de l’atelier, le catalogue de la Fondation Datris dont je me suis inspirée.

Aujourd’hui encore, ce fil conducteur reste le même : quand un sujet s’impose, je couche mes idées, mène mes recherches, structure, écris, puis illustre avec soin. Ce passage à l’action est devenu un ancrage solide dans mon parcours, la trame qui tisse mon évolution et nourrit l’émotion de confiance qui m’accompagne à chaque nouvel article.

• La mémoire de nos réussites construit la confiance

Si vous doutez de vos capacités, pensez à tout ce que vous avez déjà accompli. Pour moi, la création d’un article suit désormais une méthode qui me rassure. Même si parfois j’ai l’impression de repartir de zéro, ce n’est jamais tout à fait vrai : je puise dans mes expériences, mes lectures, mes émotions.

Surtout, je sais comment m’y prendre. Je sais où je pars et où je veux aller, tant sur le plan pratique qu’émotionnel. Cette double connaissance, technique et intime, construit une sécurité intérieure, un socle de confiance indispensable pour passer à l’action.

Bien sûr, cela ne rend pas le chemin facile ou confortable. Chaque article demande encore un effort considérable. Aucun n’est « facile ». Mais je sais que je suis capable de le faire.

Et même si un sujet semble éloigné de ma zone de confort (comme celui que vous lisez !) j’ai cette confiance dans mes ressources pour trouver un angle juste, utile pour mes lectrices, mes lecteurs… et pour moi-même (car oui, je suis ma première lectrice. La rédaction de ces articles est un véritable fil rouge qui me construit, une forme de thérapie pour apprivoiser mes émotions et avancer pas à pas.

🔑 Clé n° 7 : prendre conscience que c’est dans l’action que l’on se révèle

• On n’est jamais vraiment prêt·e

Si l’on attendait d’être prêt·e pour se lancer, on ne ferait jamais rien.

Si j’avais attendu de maîtriser parfaitement la totalité du programme avant d’oser me présenter au concours du CAPES, je serai toujours en train de le préparer et je serais passée à côté de toutes les leçons précieuses que j’ai apprises en enseignant. Si j’avais attendu de tout comprendre à l’amour avant de me lancer dans une relation, je ne serais pas mariée depuis 2012 à l’homme qui partage ma vie. Si j’avais attendu d’avoir toutes les réponses avant de devenir mère, je n’aurais pas deux enfants à mes côtés pour m’apprendre, chaque jour, à devenir la mère que je suis.

Et si j’avais attendu d’être sûre de moi avant d’écrire un article, mon blog serait encore… totalement vide. C’est en faisant qu’on affine. Qu’on ajuste. Qu’on comprend ce qui nous convient vraiment. Ce n’est pas une parfaite préparation qui nous transforme, mais l’expérience. L’émotion de peur ou d’hésitation, bien naturelle au départ, peut devenir un tremplin si on choisit de l’écouter… sans s’y laisser enfermer.

Je me répète souvent cette phrase que je trouve très puissante :

Et si c’était facile, ça ressemblerait à quoi ?

Cette question détourne l’attention du doute, allège la pression, et mobilise notre curiosité. Elle active une émotion clé : la créativité. Celle qui permet de se mettre en mouvement sans attendre d’avoir coché toutes les cases.Notre cerveau, conçu pour chercher des réponses, se met alors en marche…

• Le cadeau caché derrière l’échec : oser !

Quand je regarde en arrière, je réalise que mes plus beaux élans sont souvent nés de ce qu’on appelle un échec. Mon premier manuscrit, par exemple, n’a pas été accepté par l’éditrice à qui je l’avais envoyé. Sur le moment, j’ai évidemment ressenti un mélange de déception, de tristesse, de découragement… mais aussi, rapidement, une forme d’élan nouveau. Et si ce « non » me donnait l’occasion de créer autre chose, de plus personnel, de plus vibrant ?

C’est ainsi que ce refus a ouvert d’autres portes. L’échec a réveillé en moi l’audace. Qu’avais-je vraiment à perdre ?
« Mon manuscrit a été refusé. Point. » J’aurais pu m’arrêter là. Mais j’ai préféré me dire :

Mon manuscrit a été refusé. Et je vais créer quelque chose d’encore plus grand, plus juste, plus aligné avec ce que je veux offrir au monde.

Créer ce blog en a été la preuve. Je ne mesurais pas à quel point un simple passage à l’action (créer un site, publier un premier article) allait déclencher un véritable effet domino. Après ce premier pas, j’ai osé : demander au réalisateur Jean-Pierre Jeunet, au détour d’un dîner, d’écrire un mot dans mon « cahier des émotions » ; contacter France 3 pour parler d’un concours de lecture organisé avec mes élèves ; envoyer ma candidature à l’inspection académique pour intégrer une formation en compétences psycho-sociales ; demander à un chef étoilé comme Xavier Mathieu de participer à mon podcast ; créer un programme d’accompagnement pour femmes hypersensibles.

Rien de tout cela ne serait arrivé si j’étais restée figée sur ce « non » initial. L’émotion de la déception s’est transformée, peu à peu, en moteur. J’ai compris que c’est précisément dans ces moments d’ébranlement qu’on peut aller puiser une force nouvelle. Celle qui permet d’oser. D’ouvrir une porte que l’on n’aurait même pas imaginée sans ce détour.

• Se laisser surprendre

Lorsque j’ai commencé ce blog, j’avais tout bien listé dans mon cahier de création : des objectifs clairs, des thématiques précises, un plan structuré. Je croyais savoir ce que je voulais dire… mais ce n’est qu’en écrivant que certaines choses essentielles se sont révélées à moi. Je me disais parfois : « Celui-là, ce sera un petit article. » Et puis, en m’y mettant, quelque chose se mettait en mouvement. Je découvrais que je ne pouvais jamais écrire « un petit article ». Pas pour moi. Parce que j’y mets toujours tout ce que je suis, à ce moment-là.

Émotionnellement, c’est très fort. Chaque texte vient éclairer une part de moi, parfois inattendue. L’écriture me construit. Elle me permet de mieux comprendre ce que je ressens, ce que je pense, ce qui compte vraiment pour moi. Elle me guide. Et dans cette lecture-là, il se passe quelque chose de précieux : je me découvre.

Ce blog, à l’origine simple détour, est devenu un véritable chemin. Un article. Puis un deuxième. Puis des dizaines. Et peu à peu, une communauté s’est formée. Des femmes sensibles, curieuses, créatives, traversées par mille émotions — comme moi. À partir de là, l’accompagnement que je propose aujourd’hui est né presque naturellement. Rien n’était prévu. Et pourtant, tout était là, en germe.

C’est ça aussi, passer à l’action. Ce n’est pas forcément avoir un plan parfait. C’est dire oui à ce qui vibre, même quand tout n’est pas clair. C’est faire confiance à ce qui émerge en marchant. C’est accueillir le doute sans s’y perdre, écouter les émotions sans les fuir, avancer quand même…un pas après l’autre.

Et peut-être que le plus beau cadeau de l’action, c’est ça : elle nous révèle à nous-mêmes.

Conclusion 🧵 Et maintenant ? Tissez votre toile !

Comme vous l’avez compris, nos émotions forment un fil invisible — un véritable fil rouge — qui relie chaque pensée à chaque action. Elles nous traversent, nous portent, parfois nous freinent… mais toujours, elles sont au cœur de notre manière d’avancer. Comprendre ce flux émotionnel, c’est apprendre à composer avec soi-même : à s’écouter, à se respecter, à poser un geste, même minuscule, même imparfait.

Passer à l’action, ce n’est pas ignorer ce que l’on ressent. C’est avancer avec. Doucement, mais résolument.

Alors, à vous maintenant. Quel est le premier fil que vous pouvez saisir ? Pas demain. Pas « quand ce sera le bon moment ». Mais maintenant. Juste après la lecture de cet article.

➤ Une phrase griffonnée dans un carnet, pour ce projet que vous repoussez depuis si longtemps ?
➤ Une marche de dix minutes pour aérer vos idées ?
➤ Un coin de bureau rangé pour faire de l’espace — mental, physique, créatif ?
➤ Une musique lancée pour réveiller l’élan ?
➤ Ou peut-être un message envoyé à quelqu’un·e qui pourrait vous soutenir, ou vous inspirer ?

🪡 Choisissez votre point de départ. Et tissez votre première action.


Cet article participe à l’événement interblogueurs·euses « Vos secrets pour passer à l’action ». Cette initiative a été proposée par la romancière et rédactrice web Eva Lee, créatrice du blog Mon Bagage Culturel, qui propose des contenus pour développer sa culture générale.

Pour ma part, j’ai découvert le travail d’Eva à travers son article La culture générale est-elle un luxe réservé aux riches ? Le ton, les références, la justesse de la réflexion, tout a résonné en moi pendant ma lecture. Je suis enseignante en collège, et ce qu’Eva décrit dans son article, je le vis chaque jour : des écarts de vocabulaire, des blagues qui tombent à plat faute de codes partagés, des ados qui s’énervent parce qu’ils·elles croient qu’on se moque d’eux·elles, alors qu’ils·elles n’ont tout simplement pas les clés. Car certains mots peuvent ouvrir, relier. D’autres, à défaut d’être compris, deviennent des murs. Et pourtant, personne n’est moins intelligent qu’un·e autre : il s’agit d’héritage culturel, de familiarité avec certains mondes. De ce que l’on a reçu… ou pas.

Chez Mon Bagage Culturel, j’ai retrouvé cette idée qui m’est chère : que la culture est une force symbole de liberté ; qu’elle se cultive, se partage et s’incarne. Alors si vous avez envie d’élargir votre horizon, de mieux comprendre les rouages du monde et les nuances du langage, je vous invite à découvrir ce blog, qui parle à l’intelligence, mais aussi au cœur…

  1. Vohs, K. D., Baumeister, R. F., Schmeichel, B. J., Twenge, J. M., Nelson, N. M., & Tice, D. M. (2008). Making choices impairs subsequent self-control: a limited-resource account of decision making, self-regulation, and active initiative. Journal of personality and social psychology, 94(5), 883–898. https://doi.org/10.1037/0022-3514.94.5.883 ↩︎
  2. Montuclard, A. L., Park-Mroch, J., O’Shea, A. M. J., Wansink, B., Irvin, J., & Laroche, H. H. (2017). College Cafeteria Signage Increases Water Intake but Water Position on the Soda Dispenser Encourages More Soda Consumption. Journal of nutrition education and behavior, 49(9), 764–771.e1. https://doi.org/10.1016/j.jneb.2017.05.361 ↩︎

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